L’automne est la saison idoine pour préparer ses sols et prévoir ses plantations en prévision du printemps. Le point avec Boris Barré, paysagiste et chargé de médiation à Terra Botanica à Angers.
Si la nature, à l’automne, ralentit son rythme, dans les jardins il n’en reste pas moins à faire. C’est une super-période pour préparer son sol et prévoir ses plantations en prévision du printemps, invite Boris Barré, paysagiste formé à l’École supérieure d’agricultures (ESA) d’Angers, chargé de médiation pour le parc Terra Botanica. Le moment est venu, donc, de cueillir ses dernières courges et de rafraîchir les lieux, mais sans excès. On peut enlever certaines plantes qui ont servi, celles notamment qui peuvent grainer si on ne veut pas se faire envahir, mais sans déshabiller tout son jardin. Il est bon de laisser se faner les végétaux pour obtenir une matière organique qui permettra de protéger la terre du froid et de stimuler la vie du sol.
La culture en lasagnes
L’automne est ainsi une période propice pour pailler. D’autant qu’il y a de l’or tout autour, s’émerveille le paysagiste, qui préconise le principe en lasagnes où l’on alterne les couches de déchets végétaux. Pour dessiner un massif, on peut utiliser un carton, qui a cet avantage d’être biodégradable, que l’on va recouvrir de matière végétale. L’idéal étant d’alterner les déchets verts et humides (gazon, épluchures, marc de café…) et bruns (feuilles mortes, broyats de bois et de branches…). En mélangeant les deux, on obtient un paillage très intéressant, estime Boris Barré.
« Décompacter et aérer »
Quant aux déchets de conifères, trop acides pour la culture, s’abstenir. Ou bien alors n’y recourir qu’en petite proportion, prévient le spécialiste. De la même façon, Boris Barré ne recommande pas le bêchage, qui nuit à la biodiversité du sol. Mieux vaut avoir recours à la grelinette pour décompacter et aérer. Et pour ceux qui voudraient désherber une parcelle importante, une bâche noire lestée sur la terre jusqu’au printemps facilitera grandement le travail.
Cocooner ses plantes d’intérieur
L’automne, c’est encore le moment de marcotter et d’installer la quasi-totalité des arbustes, arbres et vivaces. On va trouver dans les jardineries des racines nues, plus faciles à transporter, conseille Boris Barré, qui aime aussi l’idée de ne pas acheter forcément la plante en feuilles.
À l’intérieur, la période est propice à cocooner ses plantes, et à nettoyer les feuillages pleins de poussière avec un chiffon imbibé d’eau, préconise le spécialiste. On les rapproche également des fenêtres nettoyées au vinaigre blanc pour permettre à la lumière de rentrer encore mieux. Quelques petites tailles ou un rempotage, dans un pot un tiers plus grand, peuvent aussi être faits. Un simple surfaçage peut parfois suffire. On enlève le terreau sur les premiers centimètres pour en remettre du nouveau. Pour les plantes au feuillage un peu sec, quelques pulvérisations à base d’eau déminéralisée seront les bienvenues.
Même si le temps n’est pas toujours de la partie, Philippe Moinet, professionnel connu à Niort, incite les inconditionnels du jardinage à profiter de la saison pour planter arbres, arbustes et rosiers.
À la Sainte-Catherine, tout bois prend racine. Cet adage est connu des jardiniers qui profitent habituellement de cette période favorable aux plantations d’hiver. Le problème, c’est que les conditions sanitaires et les restrictions commerciales vont remettre en cause cette saison d’automne annonce d’emblée Philippe Moinet, responsable de l’enseigne installée 296 route d’Aiffres à Niort.
Pourtant selon ce professionnel, le mois de novembre, période où la végétation est arrêtée, est idéal pour les plantations des arbres fruitiers, des arbustes, des rosiers, etc. Bref, de tout ce qui se plante au jardin. Néanmoins, il concède qu’en fonction des conditions météorologiques, ce n’est plus tellement la saison automnale qui est retenue. Les gens sont moins pressés d’aller au jardin quand il pleut. Philippe Moinet constate que beaucoup de personnes attendent la période du printemps et le retour des beaux jours pour retourner au jardin. Mais celle-ci s’accompagne parfois de conditions climatiques moins favorables. Je pense notamment à la sécheresse.
La fin d’année, une période propice
Pourtant dit-il, un arbre planté l’hiver dispose d’un laps de temps nécessaire à son enracinement. Il ne manque pas d’eau. Par conséquent, ses chances de reprises sont meilleures. Il juge important d’inciter nos concitoyens à retourner dans les jardins pour les entretenir. D’autant qu’avec le confinement, nous disposons peut-être d’un peu plus de temps. En mars et avril 2020, beaucoup ont bricolé dans les jardins. On espère qu’il en sera de même en novembre.
Et de conclure : Notre profession a besoin d’être soutenue. Le premier confinement a été une période très compliquée économiquement. Celui-ci nous tombe dessus un mois avant Noël. Ça va encore être très difficile. Indépendamment des plantations, les fêtes de fin d’année sont une période propice à nos commerces. On espère que les conditions sanitaires se seront bien améliorées d’ici-là.
Directeur de l’association Bocage pays branché, Étienne Berger livre quelques clés pour bien réussir ses plantations d’automne avec des choix favorables à la biodiversité.
Une conversation réussie, pour Étienne Berger, se tient en marchant au grand air, idéalement dans un de ces chemins creux typiques du Bocage bressuirais entourés de haies. Le directeur de l’association Bocage pays branché y est totalement dans son élément. Amoureux de la nature, défenseur de l’environnement, Étienne Berger estime que chacun a la possibilité d’agir en sa faveur y compris à son propre domicile. Alors que les week-ends risquent d’être difficiles à occuper pour certains, en cette période de confinement, il invite à se reposer la question de son aménagement extérieur.
Le mois de novembre est propice aux plantations. Les conditions actuelles sont-elles favorables ?
« C’est effectivement la bonne période. L’automne, ces dernières années, génère la pluie nécessaire même si l’humidité n’est pas aussi présente que ça actuellement. On observe un stress hydrique dans les sols du fait des coups de chaud du mois de septembre. Ce qu’il faut avant tout, pour les plantations, c’est de l’eau au printemps. »
Quels conseils donneriez-vous aux néophytes ?
« Il faut d’abord bien préparer les sols, les aérer. Je recommande aussi de ne pas mettre du fumier au fond, avant de planter. Il est important d’apporter de la matière organique, mais en surface. Diversifier ses plantations dans les variétés, les espèces, c’est essentiel. Mieux vaut éviter le monospécifique sur les haies et massifs et ne pas opter pour la haie de thuyas et de lauriers, qui n’apportent pas ou peu à l’environnement. Il est préférable de se tourner vers les essences mellifères telles que le lilas, le chèvrefeuille, le fusain d’Europe… »
Comment réussir cette association entre différents arbustes ?
« En mixant sa haie avec différentes espèces, on étale en principe la floraison dans le temps, ce qui est précieux pour les insectes pollinisateurs. Insérer du persistant, comme du photinia, est possible mais Il ne faut pas que ça se substitue à un mur ! D’où la nécessité de mettre de l’espace entre ses plantations, pour favoriser cette floraison. Rien ne sert ensuite de tailler très régulièrement. Il faut laisser prendre de l’ampleur tout en veillant évidemment à la réglementation par rapport au voisinage. Pour une haie ou un arbre dont la hauteur excédera deux mètres, il faut planter à au moins deux mètres de la limite de propriété. Cette distance est réduite à cinquante centimètres, si la hauteur de la haie buissonnante ou de la haie taillées est inférieure à deux mètres. »
« Sur nos propriétés, on minéralise à fond » En observant les jardins des particuliers, avez-vous le sentiment d’une prise de conscience dans le rapport à l’environnement ?
« Oui et non… Le minéral est quand même très présent dans les aménagements extérieurs. On a peur de la feuille dans les gouttières, sur le goudron. Et cela enlève de la biodiversité. Les particuliers peuvent pourtant apporter leur contribution dans ce domaine en optant pour une diversité des essences. On peut agir de chez soi, à plusieurs niveaux, en travaillant sur la gestion des pelouses, aussi. On est passé de pelouses qui étaient quasiment des prairies à des surfaces entretenues par des robots tondeuses. C’est certes moins de nuisances, moins de temps passé. Mais il n’y a plus un trèfle, plus une marguerite. On incrimine beaucoup le monde agricole mais, sur nos propriétés, on minéralise à fond. »
La simplicité est peut-être parfois guidée par la crainte d’un mauvais choix ?
« En réalité, la principale erreur serait d’opter pour une espèce invasive, comme l’arbre à papillons (ou buddleia), qui est pourtant une très belle plante. Souvent, pour une haie réussie, la recherche esthétique et floral suffit à bien faire. L’idée n’est pas de devenir un expert. Les bons pépiniéristes savent d’ailleurs parfaitement conseiller. »
25 000 plantations en 2019
L’association Bocage pays branché, basée à Bressuire, reste mobilisée durant cette période de confinement malgré une activité réduite. Exemple avec les chantiers de plantations menés auprès des scolaires, actuellement suspendus. L’année 2019 s’était soldée par un bilan de 25 000 plantations à travers le Bocage bressuirais. « Le monde agricole reste notre partenaire privilégié », insiste Étienne Berger, également en lien avec les collectivités et les naturalistes.