Vignerons bio dans l’appellation Saumur-Puy-Notre-Dame, Mélanie Cunin et Aymeric Hillaire sont en train de concrétiser leur projet de tiers lieu dédié à la transmission des savoirs vinicoles.
Qu’on se le dise, la Cerisaie d’Argentay est en fleurs. C’est dans ce hameau pittoresque des Verchers-sur-Layon (près de Bouillé-Loretz et de Saint-Martin-de-Sanzay) que Mélanie Cunin et Aymeric Hillaire ont choisi d’installer un tiers lieu dédié à la transmission vinicole en particulier, à la permaculture en général. Voilà un peu plus d’un an que le projet mûrit : il portera cette année ses premiers fruits. Doucement mais sûrement, un rythme imposé aussi par la crise sanitaire, cette propriété bordée de prairies, de vergers et de vignes est en passe de devenir un lieu de formation alternatif.
Le couple, également à la tête du domaine viticole bio Mélaric, avait à cœur de transmettre des savoir-faire. Il y accueille déjà des stagiaires conventionnés intéressés par leurs pratiques, qui viennent s’imprégner du terroir de l’appellation Saumur-Puy-Notre-Dame. À compter de ce mois de mars, la chose prendra un tour plus officiel encore avec des sessions thématiques. La première s’adressera, les 12 et 13, aux personnes en reconversion professionnelle, aux amateurs de vins et aux professionnels du secteur, avec ce titre qui dit tout : « Vigneron, un métier pour moi ? ».
Mettre un pied dans la vigne
Deux jours qui ont été pensés pour se poser les bonnes questions. Motivations de chacun, partage et retours d’expériences, clarification d’un projet… On évoquera différents aspects des choses, non pas pour guider les stagiaires mais pour donner quelques clefs en fonction des contraintes, des valeurs et des besoins de chacun. Chaque projet de vie doit être vu comme du sur-mesure explique Mélanie Cunin. Les participants pourront aussi se confronter aux éléments extérieurs, pas seulement lors d’une séance de dégustation mais aussi en mettant la main à la pâte.
C’est mieux de mettre un pied dans les vignes pour mieux comprendre les choses. On ne veut pas être dans la simple information, on mise sur des ateliers pratiques. Les stagiaires qui se confrontent à la pluie et au froid saisissent mieux les enjeux de la nature. C’est sur le terrain qu’on cerne nos aptitudes, assure Aymeric Hillaire. Le credo est donc simple : avant toute chose, il faut se poser les bonnes questions pour faire les bons choix. L’objectif étant, à terme, de s’épanouir dans son travail, de se lever le matin en étant content d’aller bosser. Rien n’est écrit et tout se construit, situe Mélanie Cunin.
« Dans les coulisses du domaine »
Les stagiaires qui sont déjà passés par ici en ont fait l’expérience, à l’image d’Anatole qui a quitté son emploi de sommelier avant la crise sanitaire pour une reconversion. Pour lui, dont le cœur balance entre les métiers de vigneron et paysan boulanger, rien de tel que l’immersion. Il ne faut pas seulement regarder, il faut prendre la mesure des choses. La formule proposée par la Cerisaie d’Argentay lui convient parfaitement à ce titre.
Dès le mois d’avril, amateurs et passionnés du vin se verront proposer deux jours dans les coulisses du domaine, pour découvrir le métier de la terre au verre. Une oenodyssée qui permettra, par exemple, d’évoquer la traction animale dans le travail de la vigne ou encore de découvrir le troupeau de neuf brebis en charge d’entretenir le niveau d’herbe dans les rangs à la sortie de l’hiver.
Des projets à foison
Dès que le brouillard sanitaire sera dissipé, le couple envisage d’autres aventures dans cette propriété imaginée pour être un lieu de vie. Accueillir ici, sur des demi-journées, les gens du coin qui voudraient apprendre à tailler les arbres fruitiers ; organiser un petit marché artisanal une fois de temps en temps et, pourquoi pas, des randos dans les vignes. Et même se poser en étape du festival Fermes en scène, qui propose des spectacles militants en milieu rural. Silence, ça pousse !