Le site www.nature79.org permet aux ornithologues amateurs et confirmés de partager leurs observations à l’échelle départementale. Un million de données ont été saisies depuis 2011.
Et deux verdiers d’Europe qui font un million de données ! En enregistrant ses observations sur www.nature79.org, le jeudi 4 mars, le jeune Niortais Benjamin Mirou a fait passer un cap symbolique au site collaboratif administré par le Groupe ornithologique 79 (GODS) et Deux-Sèvres nature environnement (DSNE).
Un beau cadeau pour la plateforme qui fêtera ses dix ans d’existence, en novembre prochain. Le principe est simple. Que l’on soit un naturaliste amateur ou aguerri, chacun peut alimenter la base en ligne en indiquant où, quand et quelle(s) espèce(s) il a vu dans le département. Libre à chaque contributeur d’apporter des précisions pour permettre la caractérisation (migration, nidification, nourrissage…) et d’adjoindre une ou plusieurs photos à ses commentaires. Plus il y a d’informations, mieux c’est, résume Clément Braud, le coordinateur du dispositif pour le compte du GODS.
« Pour la seule année 2020, on a amassé 200 000 données »
Depuis 2011, même si un gros noyau dur de 80 personnes représentent la majorité des signalements, près de 2 000 Deux-Sévriens ont joué le jeu de transmettre, c’est partager, la devise de la vitrine 2.0. On présuppose que les éléments fournis sont exacts. Mais si on décèle des anomalies, on rentre en contact avec les intéressés et on fait les vérifications adéquates. Même si c’est un travail de fourmi, cela reste marginal. Aujourd’hui, on considère que cela représente 1 à 2 %, poursuit le référent qui constate une nouvelle dynamique depuis le confinement. Comme toute innovation, elle a connu une belle croissance jusqu’en 2015, puis, ça s’est stabilisé jusqu’en 2018. Mais l’an passé, c’est reparti en flèche. On a totalisé 200 000 données dont 43 000 pour le seul mois de mai. Il y a eu un effet, c’est indéniable. Les gens avaient plus de temps mais on sent aussi ce besoin de reconnexion avec l’environnement.
« Très précieux pour nos suivis de populations »
Ce regain tombe à pic à l’heure où l’association s’apprête à collaborer à l’Atlas des oiseaux de France. On ne peut pas être partout et ces recensements citoyens sont une aubaine pour nous. Non seulement, ils donnent à cet outil une valeur pédagogique mais ils viennent parfaire nos connaissances locales de manière instantanée. Certains font des découvertes fortuites, d’autres repèrent de nouvelles colonies de hérons ou de nids de cigognes dans le Marais. Pour nos suivis de populations à certaines périodes de l’année et nos études, c’est très précieux, loue Clément Braud qui cite l’exemple récent de la huppe fasciée localisée en décembre dernier.
Il faut sans doute y voir un signe du réchauffement climatique. Cette espèce a l’habitude de migrer l’hiver en Espagne ou en Afrique du nord. Qu’elle soit toujours sur nos terres en fin d’année, c’est nouveau et c’est grâce à la plateforme qu’on a mis le doigt dessus. Reste désormais à donner quelques battements d’ailes supplémentaires pour élargir la zone de couverture à Mauléon, au sud de la Gâtine (entre Le Busseau et Secondigny) et au nord-est du Thouarsais. Si on pouvait faire notre nid là-bas, ce serait vraiment parfait… Alors que le printemps arrive à grands pas, le message est passé.
Les oiseaux écrasent la concurrence
Pas moins de 19 groupes taxonomiques sont répertoriés sur le site www.nature79.org. Sans contestation possible, les oiseaux sont ceux qui suscitent le plus de commentaires avec 1 003 335 données à eux seuls, soit 78 % des contributions ! Suivent très loin derrière les papillons de jour (80 796), les orthoptères (sauterelles, criquets, grillons) (46 067) et les papillons de nuit (39 084).
Sur le podium, on retrouve le merle noir (37 737), le pinson des arbres (31 561) et le pigeon ramier (29 429). Des espèces communes. Mais cela ne veut pas dire que ce sont celles que l’on croise le plus. Ce sont simplement celles qui ont été le plus identifiées, précise Clément Braud. Ainsi, l’œdicnème criard (13e), le busard cendré (20e), le bruant jaune, ou encore l’outarde canepetière font l’objet de plusieurs milliers de mentions alors que leurs effectifs battent de l’aile. Encore une fois, les gens ont carte blanche. Ils inventorient ce qu’ils veulent. On parle régulièrement de ces espèces pour leur vulnérabilité. Il y a donc une attention particulière à leur égard, ce qui explique sans doute ces résultats.
L’appli cartonne
Si le site internet a dépoussiéré le carnet de notes, nature79.org est déjà en passe d’être détrôné par l’appli NaturaList développée en 2015. Disponible pour les téléphones Android comme pour les iPhone ainsi que pour les tablettes, celle-ci permet le partage des observations, de façon simple, directement sur le terrain. Ce support permet de gagner en réactivité. On peut aussi enregistrer plus de données, avec plus de précision. Enfin, on peut joindre des images mais également des sons et ainsi, mieux documenter les informations transmises, détaille Clément Braud qui précise, qu’aujourd’hui, plus de 50 % des données saisies passent par l’appli.