Restaurants fermés, foires aux vins annulées : les vignerons doivent se réinventer. En nord Deux-Sèvres, la carte de l’œnotourisme va être de plus en plus privilégiée.
Le vin, c’est la convivialité. Gilles Lemoine, du domaine de la Gachère à Val-en-Vignes, est comme ses confrères vignerons quelque peu sevrés de liens humains, notamment en l’absence de foires aux vins (lire par ailleurs). Ce contact essentiel autour du produit est donc amené à se tisser autrement.
« Un levier innovant et interactif pour montrer notre travail »
Les vignerons du nord Deux-Sèvres ont décidé de miser davantage sur l’œnotourisme. D’ici à la fin de cette année, si tout va bien, le territoire sera inséré dans la Route des vins . Une incursion dans le Thouarsais, depuis Val-en-Vignes jusqu’à Saint-Martin-de-Sanzay en passant par Loretz-d’Argenton et Thouars, sera ainsi suggérée via cette vitrine d’ InterLoire , interprofession des vins de Loire. « Nous espérons y trouver un levier innovant et interactif pour montrer notre travail et nos terroirs », souligne François Martin, président du Syndicat viticole intercommunal des coteaux du Thouet et de l’Argenton. Outre la signalétique traditionnelle et prescriptrice, les vignerons comptent sur des outils plus modernes, telles que l’application mobile et le référencement web.
Objectif : capter ce public itinérant et gagner une fréquentation qui permettra de combler une période estivale traditionnellement plutôt calme. Cette approche, « o n ne l’imaginait pas il y a deux-trois ans », convient Gilles Lemoine. Le contexte a nécessité de se réinventer. Lui et son frère, Alain, viennent d’être labellisés « Cave touristique ». Dans cette même logique, ils ont intégré le réseau France passion , référence des camping-caristes pour des étapes gourmandes. Nous sommes identifiés depuis quinze jours auprès de ce public. Et une semaine plus tard, nous avions déjà une première visite le temps d’un week-end. L’isolement ne rebute plus et l’espace récemment aménagé, avec point d’eau et électricité, devrait attirer celles et ceux qui souhaitent s’enraciner ponctuellement dans le terroir y compris pour un simple pique-nique.
« En phase avec la tendance du moment »
Cette aspiration, en vogue avec la crise sanitaire, incite la filière viticole à changer ses standards. La traditionnelle dégustation dans la cave n’étant pas très Covid-19, les échanges vont davantage se nouer dans les vignes. C’est en phase avec la tendance du moment. On parlera du métier en amont, ce qu’on ne fait peut-être pas assez, admet François Martin. Aujourd’hui, les gens ont besoin de se faire expliquer comment naît le produit, pas seulement de le goûter, complète Gilles Lemoine. Être rassuré avant d’acheter, en somme. Les balades expérimentées avec succès l’été dernier, sous l’impulsion de la Maison du Thouarsais, ont conforté ce sentiment selon le vigneron. Autour du vin, la discussion est partagée. Et on a toujours à apprendre des autres.
Des alternatives efficaces
L’absence de foires aux vins n’altère pas uniquement les savoureux débats gustatifs autour d’un bon verre. Ces salons, à l’image de celui de l’Orangerie du château de Thouars habituellement proposé en mars, pouvaient permettre d’écouler jusqu’à 20 % des volumes annuels. A cela s’ajoute la fermeture des restaurants, qui pesaient souvent lourds dans la clientèle des vignerons.
La profession, jamais à court d’idées, a travaillé à des alternatives qui permettent de limiter l’ampleur du manque à gagner. Le modèle « click and collect » s’est développé, de même que les livraisons à domicile. Nous avons de très bons retours. Il nous arrive de livrer jusqu’au sud Deux-Sèvres, en regroupant les commandes bien sûr, précise Gilles Lemoine. Les portes ouvertes, quant à elles, sont aussi repensées. Les frères Lemoine, qui accueillaient habituellement sur deux jours, ont doublé la mise pour espacer les visites et que tout le monde soit à l’aise.