Entre agriculture conventionnelle et agriculture bio, Fabrice Gélineau et Valentin Pelé ont choisi la troisième voie, celle de l’agriculture de conservation des sols, au lieu-dit Le Hamonay, à Jallais.
Fabrice Gélineau et Valentin Pelé, agriculteurs au lieu-dit Le Hamonay à Jallais, ont opté pour une agriculture dite « de conservation des sols ». Mardi, les deux exploitants spécialisés dans l’élevage et la culture de céréales ont accueilli une rencontre organisée par l’association Agriculture de conservation des sols (AC) des Mauges, sur le thème des pratiques agricoles innovantes.
Depuis combien de temps pratiquez-vous l’agriculture de conservation des sols ?
Fabrice Gélineau : « Nous avons entamé la démarche « sans labour » en 2000, avec un passage en techniques culturales simplifiées. Cependant, en 2014, nous avons remis en question nos pratiques et nous avons totalement arrêté de travailler les sols pour intégrer des couverts végétaux, c’est-à-dire des mélanges de plusieurs plantes, dans notre assolement. Notre souhait était de remettre le sol au cœur de l’outil de production. Conclusion : le lait produit par nos vaches est d’une meilleure qualité. »
Valentin Pelé : « Aujourd’hui, le constat est flagrant : augmentation de la matière organique des sols, arrêt de l’érosion de la terre, meilleure absorption de l’eau, augmentation de la biodiversité, le tout avec un niveau de productivité similaire. Un sol en bonne santé, ce sont des plantes en bonne santé. »
Que vous apporte cette nouvelle façon de travailler ?
FG : « Nos pratiques agricoles actuelles s’inscrivent dans une démarche de développement durable. Nous souhaitons aujourd’hui la reconnaissance de cette pratique, tant au niveau de la préservation des sols et de l’eau qu’en termes d’augmentation de la biodiversité et du stockage de carbone. Et d’amélioration de la qualité du lait produit par nos vaches. »
VP : « En pratiquant l’agriculture de conservation des sols, on garde le sol en bonne santé pour les générations futures, on diminue l’empreinte carbone et on limite l’emploi des produits phytosanitaires. Il est important de s’appuyer sur la nature pour produire. »
Quel message souhaitez-vous faire passer ?
« On entend souvent parler d’agriculture conventionnelle ou d’agriculture bio mais il existe une troisième voie qui est l’agriculture de conservation des sols : elle produit autant que le conventionnel tout en respectant le sol et l’avenir. L’été dernier, nous avons semé des bandes fleuries tous les 80 mètres dans les champs de maïs irrigués. Nous avons constaté que de nombreuses abeilles venaient butiner. Pourquoi ne pas lancer un projet de valorisation des fleurs en partenariat avec des apiculteurs ? »
Les bénéfices de l’agriculture de conservation des sols
Mardi après-midi, l’association Agriculture de conservation des sols (AC) des Mauges a organisé une rencontre sur le thème des pratiques innovantes des agriculteurs au lieu-dit Le Hamonay.
Thierry Gain, référent de l’Association pour la promotion d’une agriculture durable (APAD), accompagne l’association AC des Mauges depuis 2015. L’APAD permet également aux adhérents intéressés d’être certifiés et d’obtenir le label « Au cœur des sols ». Franck Aubin, maire de Beaupréau-en-Mauges, Hervé Martin, maire de Chemillé-en-Anjou, Aline Bray, maire d’Orée-en-Anjou, Régis Lebrun, conseiller délégué en charge de l’agriculture et de l’alimentation et Gilles Piton, maire de Mauges-sur-Loire représenté par Guy Caillault, ont répondu à l’invitation, mardi à Jallais.
Une vidéo présentée par Tony Cogné, agriculteur au Puiset-Doré et président de l’AC des Mauges, et Thierry Gain de l’APAD, a montré que cette agriculture dite de conservation des sols permet une baisse de consommation de carburant d’environ 33 %, une baisse de l’utilisation de pesticides comprise entre 33 et 50 %, des rendements au moins équivalents, une augmentation d’environ 33 % de la marge à l’hectare ainsi qu’une augmentation de la biodiversité.
Ensuite, une démonstration a été proposée dans un champ du GAEC Alliance élevage au Hamonay, où un godet de 400 litres d’eau a été déversé pour faire constater l’absorption sans érosion. Avec l’agriculture de conservation des sols, de nombreux vers de terre ont en effet creusé des galeries, ce qui permet une absorption 100 fois plus importante qu’un sol non vivant.
L’orge, du sol à la bière
L’agriculture de conservation des sols est en pleine émergence. Elle a pour objectif d’améliorer la qualité des productions agricoles tout en développant la biodiversité (faune et flore) et en captant du carbone dans les sols. Le tout permet aussi de mieux résister aux aléas climatiques. Avec le non-travail du sol, le biotope de la faune est préservé, de même que les éléments minéraux de la terre lors des fortes pluies. La couverture permanente des sols permet aussi de les protéger contre la sécheresse et de maintenir la biodiversité. Les résidus des anciennes cultures et l’implantation des couverts végétaux enrichissent et nourrissent les sols, réduisent la maladie et favorisent la reconstruction des écosystèmes. L’utilisation de produits phytosanitaires est réduite.
Et les cultures ainsi développées trouvent même des débouchés : un agriculteur fournit ainsi son orge pour la fabrication d’une bière locale, la bière « Mémé Germaine », par les établissements Pohu de Saint-Germain-sur-Moine.