Producteur notamment pour Bouvet-Ladubay, Aurélien Airault s’est lancé seul dans la viticulture, à Cersay (Deux-Sèvres). Aujourd’hui, il est à la tête d’un chai flambant neuf et vend à l’étranger.
Dans la longue histoire viticole thouarsaise, il est le petit nouveau. L’un des rares viticulteurs du territoire à être parti de presque rien, il y a à peine quinze ans. À la tête de 30,5 hectares répartis entre Cersay, Bouillé-Loretz et Saint-Macaire-du-Bois (Maine-et-Loire), Aurélien Airault est devenu, à 40 ans, un acteur qui compte dans le vignoble deux-sévrien et l’un des représentants d’une nouvelle génération. Sans complexe et en toute discrétion.
« On apprend sur le terrain »
La viticulture est venue un petit peu comme ça. Je n’avais aucune antériorité agricole », dit le vigneron, qui a commencé ses études par un brevet professionnel en mécanique avant de bifurquer vers l’œnologie au lycée agricole de Montreuil-Bellay. On apprend un peu tout sur le terrain. Surtout chez le vigneron Sébastien Prudhomme, de Mauzé-Thouarsais, qui lui a transmis les rudiments du métier et vendu sa toute première parcelle de 8 hectares, en 2005.
« Les marques sont de plus en plus pointilleuses »
Mais ne cherchez pas son nom sur une étiquette de bouteille. Lors de mon installation, je m’étais dit que je développerai la vente directe. Mais c’est très compliqué si on n’est pas déjà installé, avec un nom, un réseau. Le jeune viticulteur se consacre alors à 100 % au négoce, c’est-à-dire à la vente à de grandes entreprises ou coopératives dont les vins se destinent aux grandes surfaces. Un monde souvent mal connu du public. Mon nom n’apparaît nulle part. Nous signons avec eux des contrats qui durent plusieurs années. Le négoce a une image de vin de mauvaise qualité, à cause des grandes surfaces. Mais les choses ont changé. Les marques deviennent de plus en plus pointilleuses.
Ses crémants de Loire blanc et crémant de Loire rosé, entièrement vinifiés à Cersay, partent sous l’étiquette du groupe saumurois Bouvet-Ladubay. En crémant de Loire, le cahier des charges impose des vendanges entièrement manuelles. Deux autres vins, le carbernet d’anjou et le rosé d’anjou, sont achetés par une société basée en Touraine.
L’un des chais les plus modernes du vignoble
Depuis quatorze ans, le domaine Airault ne cesse de monter en puissance. Il a atteint l’an dernier une production de plus 2 000 hectolitres. Depuis 2005, il a acquis ou planté plus de vingt hectares de vignes. J’ai beaucoup de vignes jeunes.
Pour assurer, son développement, le jeune père de famille a réalisé un gros investissement en 2017 : la construction d’un chai tout neuf de 330 000 €. Un bâtiment de 330 m² qui s’est ajouté aux 250 m² existants. Ce qui en fait l’un des chais les plus modernes du vignoble. Quand je fais quelque chose, il faut que ce soit fonctionnel. Comme moi, je n’avais rien du tout, j’ai pu faire construire le bâtiment que je voulais. Au fil des ans, le vigneron a continuellement investi dans de nouvelles cuves thermorégulées. Il en a aujourd’hui dix-huit.
Son savoir-faire, Aurélien Airault l’a transmis comme enseignant durant plusieurs années au lycée agricole de Montreuil-Bellay, comme Sébastien Prudhomme avant lui. Un exemple pour ses cadets. Aujourd’hui, je ne regrette pas de m’être lancé seul.
Son vin blanc s’exporte en Chine et au Québec
Aurélien Airault ne vend pas sa production uniquement en cuves pour les grands groupes. Dans le chai du viticulteur, on trouve aussi de bonnes vieilles bouteilles : ici, il produit, vinifie et embouteille du vin blanc à la propriété. Il écoule pas moins de 40 000 bouteilles de chenin blanc par an, tout de même ! Elles sont aussi étiquetées à la propriété, avec une machine toute neuve arrivée en décembre 2020. Tout est vendu à l’export », précise le vigneron, sous le pavillon de Nicolas Reau, le patron du Clos des Treilles, à Pompois, dont le nom est déjà plébiscité à l’étranger. Sous le nom « Attention, chenin méchant ! », son chenin blanc s’arrache au Royaume-Uni, en Chine, en Italie, en Belgique ou encore au Québec. Ces marchés-là, il ne faut pas les louper.
Le chiffre : 375 hectolitres
C’est la capacité de l’immense cuve, haute de 7,50 mètres, dont Aurélien Airault s’est récemment équipé l’été dernier.