À Mauzé-Thoursais, le domaine du viticulteur Sébastien Prudhomme est en pleins travaux : il fait construire un nouveau chai de 320 m2. Une page se tourne pour l’exploitation familiale.
Une page s’est tournée au sein du domaine de la Roche Lambert, à Mauzé-Thouarsais (commune déléguée de Thouars). Depuis janvier, Sébastien Prudhomme construit un tout nouveau chai de 320 m², en lieu et place de l’ancien bâtiment construit en 1914 par son grand-père. L’aïeul, Jean Prudhomme, était tonnelier. "Mais il avait également des fûts, et il était aussi distillateur ambulant. J’ai passé mon enfance dans cet atelier, avec mon oncle, à jouer avec les outils du grand-père." Un bâtiment dans lequel se rencontraient aussi les villageois naguère, lors de bals communaux. Mais voilà, "il a toujours été inadapté. Nous avions des problèmes de pente, de hauteur, et surtout d’isolation. Sans parler de la toiture." Le 18 janvier dernier, la pelleteuse a mis à bas le vieil atelier.
« Économies d’énergie »
Le nouveau chai, outil moderne, offrira au viticulteur et à ses deux salariés (ainsi qu’un apprenti) de meilleures conditions de travail ainsi qu’une meilleure conservation du vin, notamment en été.
"Nous ferons également des économies d’énergie."
Ce chantier est, pour le viticulteur de 53 ans, un gage d’avenir. "Il contribuera à faciliter la transmission de mon exploitation »," dit le vigneron. Peut-être, qui sait, à l’un de ses quatre enfants ? "Mon objectif est de transmettre l’outil à quelqu’un qui pourra faire perdurer le vignoble en nord Deux-Sèvres. N’oublions pas que la base du tissu rural, ce sont les agriculteurs."
Deux ans de transition
Ce projet d’envergure (un investissement de plus de 200 000 €) a entraîné l’exploitation, qui produit environ 1 800 hectolitres de vin par an, dans une transition qui a duré plus de deux ans. Il a fallu trouver un endroit où stocker les grandes cuves en inox du vigneron : elles sont actuellement conservées… dans une ancienne stabulation. "Avant 2018, nous vendions notre production pour moitié en vente directe, et pour moitié au négoce. Actuellement, c’est plutôt 90 % au négoce. L’objectif est de redévelopper la vente directe, notamment avec la certification bio."
Le chantier se terminera d’ici le 30 juin et le chai sera opérationnel pour la récolte de 2021. De quoi voir perdurer l’histoire familiale de celui qui, en 1995, avait choisi de développer la production de vin du grand-père, permettant de conserver l’appellation Anjou à Mauzé-Thouarsais.
Le gel, un adversaire opiniâtre
Comme beaucoup d’autres viticulteurs du Thouarsais et du Saumurois, Sébastien Prudhomme n’a pas été épargné par les épisodes de gel d’avril et mai. "Il a encore gelé ces derniers jours, notamment à Bouillé-Loretz." Cette année, le vigneron estime, au doigt mouillé, ses pertes à environ 20 %. "Le problème c’est que ce chiffre représente notre bénéfice." Le domaine avait déjà été touché par le gel en 2016, 2017 et 2019.
30 hectares
Sébastien Prudhomme exploite 30 hectares de vignes, dont six hectares au Puy-Notre-Dame (Maine-et-Loire), transformées en anjou rouge, crémant de Loire, anjou blanc et rosé de Loire. Six hectares sont actuellement en conversion biologique.