Voici la saison de la cueillette du Crocus sativus dans le petit hameau niché au creux des chemins escarpés de Saint-Généroux. Deuxième étape de notre série sur le circuit-court en Deux-Sèvres, cette fois à "Argentine". Une invitation au voyage.
Les petits bulbes de l’automne laissent éclater leurs si précieuses fleurs mauves au soleil de l’été indien d’Argentine. Voici la pleine saison du safran et si l’on ajoute au nom de ce lieu-dit de Saint-Généroux que cette safranière pousse sur un hectare d’une ferme familiale située rue du Moulin à vent, alors on a vite fait le plein de poésie dans ce décor de rêve pittoresque.
À l’exotisme de la seule évocation du nom d’Argentine, s’ajoute l’or rouge du safran. Toute une invitation au voyage.
"Voilà ce que j’aime : ce que les clients peuvent me dire sur ce safran qui fait rêver, tout son côté exotique ! Cette fleur, ses pétales soyeux, c’est magnifique cet appel à tous les sens ; j’adore la voir, la toucher, la sentir… et quel goût !", s’enthousiasme toujours Agnès Ravailleau, onze ans après avoir lancé l’activité du Safran du Moulin à vent que l’on déniche entre autres dans les Plaisirs fermiers des Deux-Sèvres de Saint-Maixent à Niort, en passant par Bressuire où elle est l’une des associées.
Je ne me voyais pas travailler avec tous ces produits chimiques…
Agnès Ravailleau, agricultrice à Argentine (Saint-Généroux, Deux-Sèvres)
Onze ans depuis sa reconversion quand, commerciale, elle a choisi de revenir aux racines agricoles de cette petite ferme familiale.
"J’étais tout le temps en train de courir. Je voulais voir mes enfants grandir. Pour concilier vie familiale et professionnelle, je n’avais pas du tout envie d’une exploitation avec tous ces investissements et leurs pressions… et je ne me voyais pas travailler avec tous ces produits chimiques", confie Agnès Ravailleau, qui a donc opté pour cette plante autosuffisante si peu gourmande en eau, parfaite pour sa terre.
De ses gestes délicats, elle extrait en moyenne 250 grammes à l’année, sachant qu’il faut 180 fleurs pour produire un gramme de safran. La délicate opération n’enlève rien au dur labeur : tous les trois ans, il faut retirer tous les bulbes pour remonter la safranière. Et l’entretien quotidien à sarcler cette terre argilo-calcaire où aucun produit phytosanitaire n’a cours, c’est du boulot.
À 30 € le gramme en moyenne - de 25 à 35 € aux particuliers - même en comptant la revente des bulbes qui se multiplient, il ne peut s’agir que d’une activité complémentaire. Le gîte désormais adossé au domaine, les cultures d’oignons et d’ail, plus les nouvelles poules pondeuses en plein air font la balance.
"100 % en vente directe"
"Je vends 100 % en direct. J’ai fait beaucoup de rencontres, depuis le début, cela a été énorme, ça touche un public si étendu. Et puis, le circuit court, c’est dans l’air du temps, il y a une prise de conscience du consommateur… les nouvelles générations préfèrent vivre sans toute cette pression, or l’agriculture intensive est si stressante avec tous ses investissements." L’or rouge du safran d’Argentine, merveilleux bout de terre des Deux-Sèvres, c’est en effet un tout autre voyage, hors du temps. Sur les terres d’Argentine, à Saint-Généroux, les petites fleurs d’automne sont en train d’éclore pour la récolte annuelle du safra
- Agnès Ravailleau participe au nouveau petit marché de producteurs de Saint-Généroux (le mercredi de 17h30 à 19h).
- On peut trouver le Safran du moulin à vent notamment dans les magasins des Produits fermiers des Deux-Sèvres, à Niort (Mendès-France et Sainte-Pezenne), Bressuire et Saint-Maixent-l’École ; à l’épicerie d’Airvault ; à l’office du tourisme de Thouars.
- Contact : Safran du Moulin à vent, 1, rue du Moulin à vent, Argentine, Saint-Généroux. Tél. 07.86.67.85.90.