L’étude nationale PestiRiv vise à déterminer l’impact de l’utilisation des pesticides sur les riverains des zones viticoles. Une observation qui intéresse dans le Haut-Poitou.
C’est vraisemblablement une première en France. Une étude de grande ampleur, initiée par des acteurs institutionnels, va tenter de déterminer les causes et conséquences de l’exposition aux pesticides sur les riverains des zones viticoles (lire plus bas).
Dans la Vienne, et principalement dans le Haut-Poitou où sont situés les vignobles, les résultats de l’étude PestiRiv risquent de résonner lorsqu’ils seront dévoilés. Et pour cause, des populations vivent au plus près des vignes, parfois traitées avec des produits qui interrogent les riverains.
« Enceinte, je ne sortais pas quand ils pulvérisaient »
À Saint-Martin-la-Pallu, l’exemple de trois maisons qui font face aux vignes interpelle. Du côté des habitants, les questions se multiplient sur la consistance des produits pulvérisés sur le terrain. « Cela n’est vraiment pas agréable, et quelque peu inquiétant. » Les riverains parlent « d’une odeur acre, parfois en plein après-midi, à l’heure où les enfants rentrent de l’école ».
Une utilisation qui impacte la vie quotidienne de ces foyers où vivent de jeunes enfants. Une riveraine témoigne de l’importance, pour elle, de bien nettoyer les légumes de son jardin, du fait de la présence de substances dans l’air. Une voisine va plus loin et évoque sa dernière grossesse. « Enceinte, je ne sortais pas quand ils pulvérisaient. Mais un jour, je me suis quand même retrouvée au cœur d’un épais brouillard. »
Si ces habitants sont directement concernés, du fait de leur proximité avec les vignes, d’autres populations peuvent être sujettes aux particules très légères. Car celles-ci peuvent être portées par le vent. « Ce que nous évitons au maximum, assure Stéphane Fleury, viticulteur et président du Syndicat des vins du Haut-Poitou. Notre objectif est bel et bien de cibler les plants, et non de badigeonner les maisons du voisinage. »
Peut-être qu’à l’avenir, il faudra que le viticulteur prévienne ses voisins lorsqu’il pulvérise. Le dialogue peut permettre d’éviter certains désagréments. Stéphane Fleury, viticulteur et président du Syndicat des vins du Haut-Poitou
Le professionnel évoque les principales remontrances des riverains aux viticulteurs : « Cela concerne principalement les nuisances sonores ». Et pour cause, la pulvérisation se fait souvent de nuit ou au petit matin, notamment pour des questions d’hydrométrie. « D’ailleurs, ces pratiques nous permettent d’éviter les heures où les populations sont dehors. » Stéphane Fleury a conscience que l’utilisation des pesticides peut déranger. « Peut-être qu’à l’avenir, il faudra que le viticulteur prévienne ses voisins lorsqu’il pulvérise. Le dialogue peut permettre d’éviter certains désagréments. »
Aussi, il assure que les mentalités des producteurs évoluent sur ces sujets. Tout d’abord, car la réglementation est de plus en plus exigeante. Ensuite, par conscience personnelle. « Il y a des zones à protéger, comme les écoles ou les Ehpad. Et maintenant, on évite de mettre des vignes proches des habitations. Quand une vigne meurt, on ne replante pas si le terrain est adjacent à des maisons. »