À la succession, dans la ferme familiale Valteau à l’Élevage de l’Hermitage de Chambroutet, Pierre, 28 ans, et Nicolas, 20 ans, sont déjà le nez dans le guidon de Noël. Cinquième étape de notre série sur la vente directe agricole en Deux-Sèvres.
Même par un gris vendredi de décembre dans les brumes d’un Bocage bressuirais comme figé dans l’ambre de l’hiver, le froid de canard n’a pas sa place du côté de l’Élevage de l’Hermitage, à La Boisrelière. Nicolas, 20 ans, cadet des frères Valteau qui vient d’intégrer cette année l’entreprise familiale agricole de Chambroutet (Bressuire), rentre tout juste du marché de Thouars ; tandis que Pierre, 28 ans, nez dans le guidon, n’élude pas ces chiffres qui vous donneraient une suée rien qu’en songeant à l’enjeu pour la maison ces jours-ci.
Noël : 60 % de la production annuelle maison pour le canard
Ici, passent entre 12.000 et 13.000 canards gras à l’année. Et cette activité, en plus de l’élevage d’une centaine d’agneaux et de salers en bio, bat son plein. « Noël, c’est 60 % de la production annuelle ; là où on abat 300 canards par semaine en moyenne dans l’année, on monte à 500 pendant cette période », campe Pierre.
C’est précisément cette polyvalence, qu’on aime ! Nicolas Valteau, Élevage de l’Hermitage, Chambroutet (Bressuire)
Avec ce jeune duo, voici donc la succession de l’emblématique ferme familiale Valteau où le grand-père, Jean-Michel, a lancé les affaires avec des vaches en 1972. Patrick, le père de Pierre et Nicolas, un pied dans sa retraite aujourd’hui, avait embrayé à l’époque avec le mouton et du tabac, avant que le canard gras et la transformation entrent dans le jeu. Le tout avec la vente directe, dès 1992. Ces précurseurs du circuit court, tel qu’on le connaît aujourd’hui, élèvent, abattent dans leur chaîne in situ, transforment dans le labo et la cuisine où tout est nickel.
« C’est précisément cette polyvalence qu’on aime ! », explique Nicolas, regard qui pétille ; là où Pierre se réjouit « des contacts de la vente directe avec les fournisseurs et les consommateurs »… jusqu’à la bouche des clients puisque la maison, sept emplois au total, tient aussi l’Auberge des Fontaines. Le duo se complète bien. Nicolas a suivi la filière agricole jusqu’au Bac pro conduite et gestion de l’entreprise agricole (CGEA) tandis que Pierre a eu besoin de faire ses armes, ailleurs, dans le secteur commercial. Le premier s’occupe du vivant sur les 130 hectares de la ferme ; le second de la transformation, du volet commercial et des chiffres.
L’explosion du prix du maïs pour les volailles
Pas trop de pression, de reprendre une telle affaire familiale ? « La pression, c’est surtout en ce moment avec l’enjeu de l’activité des fêtes », répond Pierre. Il est une autre pression, financière pour toute la filière volaille, qui s’est également accrue cette année quand on sait que le maïs pour nourrir les canards est passé de 180 € à 300 € la tonne entre septembre et novembre 2021. « On a été obligé de le répercuter auprès de nos clients professionnels, mais en vente directe on ne joue pas au yo-yo avec les clients particuliers pour qui les prix n’ont pas changé chez nous cette année », ajoute Pierre, les pieds sur terre, tête solidement gardée sur les épaules. Notamment pour voir qu’au cours de ses études, « tous ces jeunes comme nous appelés à succéder à toute une génération dans les cinq ans, voient les choses en circuit court… ce qui nous fait bien plaisir parce qu’ici, la ferme s’y est mise dès 1992 ».
Marché de Noël. Les produits de l’Élevage de l’Hermitage seront sur le marché de Noël de Bressuire, les samedi 18 et dimanche 19 décembre 2021.En vente directe à la ferme. Toute l’année en vente directe à la ferme, à « La Boisrelière » de Chambroutet (Bressuire), sur les marchés de Thouars (vendredi) et Bressuire (samedi), ainsi que dans les épiceries du Bocage bressuirais.Contact. Tél. 05.49.80.27.21. Internet : auberge-des-fontaines.fr