Depuis de nombreuses années, le vigneron Olivier Chartrain s’attache à préserver le paysage naturel autour de ses vignes, à Saint-Martin-de-Sanzay. Cet hiver, il vient de planter quinze amandiers.
Olivier Chartrain a beau être vigneron, il ne pense pas qu’à sa vigne et son raisin. En cet après-midi frais et ensoleillé de décembre, ce n’est qu’au bout d’une demi-heure d’évocation de la biodiversité autour du Belvédère du Puy des Monts qu’il lâche le mot pour la première fois, en riant : "Ah oui, et on fait aussi du vin ici !" Car ce n’est pas de ce qu’il met dans ses bouteilles dont Olivier Chartrain veut nous parler, mais bien de ce qu’il s’attache à faire quotidiennement depuis ses débuts, il y a trente ans : préserver le paysage local.
« Destructions » contre « préservation »
Olivier Chartrain a beau être vigneron, il ne pense pas qu’à sa vigne et son raisin. En cet après-midi frais et ensoleillé de décembre, ce n’est qu’au bout d’une demi-heure d’évocation de la biodiversité autour du Belvédère du Puy des Monts qu’il lâche le mot pour la première fois, en riant : "Ah oui, et on fait aussi du vin ici !" Car ce n’est pas de ce qu’il met dans ses bouteilles dont Olivier Chartrain veut nous parler, mais bien de ce qu’il s’attache à faire quotidiennement depuis ses débuts, il y a trente ans : préserver le paysage local. « Destructions » contre « préservation »
"Toutes les restructurations sont basées sur un schéma de grandes cultures. Et allègrement, on arrache tous les arbres, les bosquets…, déplore celui qui a toujours été vent debout contre les réaménagements fonciers. Pour, ensuite, se donner bonne conscience, recréer des haies artificielles, linéaires, qui ne représentent rien du tout. Ici, je me suis battu pour que le remembrement ne touche à rien. On aurait pu élargir les chemins, passer de cinq parcelles à une seule, virer les saules qui sont au fond… J’ai fait tout ce qui était en mon possible pour éviter ça, pour respecter le travail des anciens. Laissons les gens assumer leurs destructions, et moi j’assume tout notre travail de conservation."
Ludovic Terrien : « Il faut être très patient »
Pour cela, avec son employé Ludovic Terrien, paysagiste de formation, le vigneron a planté quinze amandiers d’un an, issus de semis d’amandes, disséminés sur les 23 hectares de sa parcelle, dans la semaine du 13 au 19 décembre. Pour quelle raison ? "Déjà, il y en a ici de base, ça veut dire qu’ils se plaisent, explique Olivier Chartrain, rappelant la dominante calcaire des sols à cet endroit. Ce n’est donc pas une vision de l’esprit, le souhait de vouloir créer un paysage. L’idée est d’accompagner le retour à ce qu’était le paysage autrefois. On veut retrouver l’image de ces arbres de plein vent, en alternance avec des haies plus denses. Ce sont des choses qu’on fait par petites touches, chaque année."
En revanche, même s’il travaille sans intrant chimique dans sa vigne, ce dernier ne veut pas survaloriser l’apport de ces amandiers : "Cette histoire de complémentarité avec la vigne, c’est bien pour en parler dans les salons, autour d’une tasse de thé, mais c’est plus une posture qu’autre chose. On ne peut pas dire qu’il y a un effet direct, avec deux ou trois individus." "Et surtout, avant d’avoir une récolte d’amandes correcte, il faudra attendre au moins vingt ans, sourit Ludovic Terrien. Il faut être très patient !" "Mais attention, un arbre ne grandit pas bien tout seul, l’homme doit l’aider à se développer, en sectionnant certaines branches, par exemple", précise son collègue, en montrant au loin la différence entre des noyers ayant été bien entretenus ou non.
Au-delà de sa logique globale tout à fait louable, Olivier Chartrain résume en quelques mots, sourire aux lèvres, ce qui l’a convaincu de planter ces arbres autour de ces vignes : "Soigner le paysage comme ça, on le fait aussi un peu pour nous, pour être heureux d’arriver au travail le matin." Même quand il fait -3° et qu’il faut tailler, comme ce matin-là.