Toujours en cours d’inventaires, les zones humides sont indispensables au maintien de la biodiversité, dans la Vienne. La survie de 30 % des espèces végétales et de 50 % des oiseaux en dépend.
Pas besoin d’aller loin pour découvrir une zone humide. Aux portes de Poitiers, derrière la mairie de Migné-Auxances, en voici une de quatre hectares. On peut la découvrir grâce à un cheminement piéton à l’occasion de la Journée mondiale des zones humides, le 2 février. D’autres sorties sont prévues (1) pour célébrer la création de la convention Ramsar.
La réserve du Pinail menacée par le réchauffement
En cette fin janvier, même si la nature semble éteinte, Sarah Bégoin et Jasmin Ducry, naturalistes pour Vienne nature, ne tardent pas à trouver trace d’un habitant des lieux. La maison d’un « rat des moissons. » Le mal nommé, en réalité. Son habitat originel est ici, dans une zone humide, pas dans un champ de céréales.
À côté de chez nous, voilà le plus petit rongeur d’Europe dont nous ignorons pour beaucoup l’existence. Reconnaissable à son pelage roux et à sa longue queue (elle lui sert à s’accrocher aux herbes et à escalader les tiges des roseaux et graminées), il loge dans une boule de tiges. L’occupant n’était pas là. Mais dans la « cariçaie », la communauté de plantes typique de cette zone (avec les roseaux), la vie s’égaye parmi une centaine d’espèces végétales.
"Un vrai manque de connaissances"
Outre la réserve du Pinail, seul site Ramsar dans la Vienne, les zones humides sont toujours en cours d’inventaire depuis 2017. Vienne nature travaille principalement sur les bassins du Clain (sud et aval), Gartempe-Creuse et Vienne (partie aval). À ce stade, plus de 1.300 hectares ont été identifiés en zone humide sur 3.000 hectares inventoriés. « Nous avons un vrai manque de connaissances sur la question, estime Sarah Begoin. Nous faisons un gros travail de prospection qui va nous occuper encore plusieurs années. »
L’ombre des bassines
Trois salariées de l’association se consacrent à cette mission dans le cadre des contrats territoriaux milieux aquatiques (CTMA) « dans le but de réduire les différentes sources de pollution ou de dégradation physique des milieux aquatiques. » Des projets financés par l’Agence de l’eau, le conseil départemental, les syndicats de rivières et les collectivités.
Soit une partie de ceux favorables au financement des 41 bassines agricoles dont l’impact inquiète les naturalistes. « Nous nous interrogeons : vu de loin, ça peut sembler logique de prélever l’eau l’hiver mais cette situation a un impact sur les zones humides, chargées de la restituer en été. »
Elles rendent service à l’Homme
Moins d’eau, c’est une partie primordiale de la biodiversité menacée. « La diversité des zones humides permet le développement d’une faune et d’une flore exceptionnelle. En France, 30 % des espèces végétales remarquables et menacées vivent dans les milieux humides. Environ 50 % des oiseaux dépendent de ces zones. Les amphibiens et libellules dépendent entièrement de ces espaces pour leur cycle de reproduction », rappelle Jasmin Ducry.
Les zones humides rendent aussi service à la société des Hommes : elles participent à la limitation des crues et des sécheresses, à l’épuration des eaux, au stockage du carbone, à la production agricole et halieutique, à l’offre touristique… Leur préservation dépend clairement des efforts consentis par l’Homme pour limiter le réchauffement climatique.
Dans la réserve du Pinail, on estime même qu’il s’agit de la menace la plus importante : « Comme les étangs sont alimentés par les précipitations, ils sont vulnérables au manque de pluies et aux périodes de sécheresse, mais aussi à l’acidification des eaux et des sols par les dépôts atmosphériques et l’augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère », estiment les naturalistes.
(1) Mercredi 2 février, à 14 h, sortie organisée à l’étang des Écotières, dans l’ancienne sablière de Bellefonds (Bonnes), par le Conservatoire des espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine et la LPO Poitou-Charentes. Gratuit. Contact : tél. 05.49.50.42.59.
Samedi 5 février, à 10 h, découverte de la réserve du Pinail avec un animateur du Gerepi. Gratuit. Rendez-vous au chalet d’accueil. Inscription obligatoire sur Helloasso. Contact : tél. 05.49.02.33.47 ou contact@reserve-pinail.org Le même jour, à la même heure, visite des zones humides du Sud-Vienne avec le CPIE Val de Gartempe. Gratuit. Contact : tél. 05.49.91.71.54.