« Le Chêne », film de Laurent Charbonnier et Michel Seydoux, raconte la vie d’un arbre et de ses petits habitants, au bord d’un étang solognot. Un bol d’air.
Avant sa sortie dans les salles obscures de l’Hexagone, le 23 février prochain, Le Chêne, tourné en grande partie en Loir-et-Cher, sera présenté à la critique internationale lors de la Berlinale, le festival international qui débute ce jeudi 10 février dans la capitale allemande. Coréalisé par Laurent Charbonnier et Michel Seydoux, il n’aura pas nécessité de doublage : hormis les paroles des quelques chansons de la bande originale, ce film est dépourvu de dialogues ou de voix off. Mais pas de sons.
Au contraire, l’ambiance sonore s’avère particulièrement soignée, tout comme les images qui plongent le spectateur dans l’intimité d’un chêne bicentenaire et de ses petits habitants. Ce fameux quercus veille sur un bel étang dans le secteur de Tour-de-Sologne, pas très loin de la chaumière de Laurent Charbonnier.
« Ce n’est pas l’arbre le plus majestueux que nous aurions pu trouver, reconnaît le naturaliste loir-et-chérien. Ce qui a prévalu, c’est son positionnement auprès d’un plan d’eau qui offrait plus de possibilités pour le scénario. » Car si le film est dépourvu d’acteurs humains, il n’en respecte pas moins une trame narrative minutieusement préparée. « Il y a eu énormément de temps d’écriture », explique Michel Seydoux qui a fait appel au scénariste Michel Fessler, une valeur sûre du cinéma français (Farinelli, Ridicule, La Marche de l’empereur).
Sans dialogues mais pas sans sons
Et pourtant, malgré le recours à quelques animaux « imprégnés » qui jouent leur propre rôle ou bien encore à des images de synthèse pour illustrer la vie racinaire et souterraine, Le Chêne déroule 1 h 20 de scènes que l’on croirait 100 % « naturelles », au fil des quatre saisons qui s’enchaînent avec fluidité, au cœur de la forêt solognote.
Tout juste observe-t-on que les prédateurs en quête de proies ne connaissent pas beaucoup de succès. « Nous avons voulu éviter des cauchemars inutiles aux enfants », plaide Michel Seydoux qui s’est lancé dans cette aventure après avoir rencontré Laurent Charbonnier lors d’un forum économique, voici quelques années à Neung-sur-Beuvron.
Le générique de fin s’avère très fourni : l’ancien président du Lille OSC et le cinéaste animalier se sont entourés d’une armada de spécialistes dont l’ethnobotaniste loir-et-chérien Dominique Mansion, fin connaisseur des chênes et animateur de la Maison botanique de Boursay, dans le Vendômois.
L’apport de ces diverses compétences permet au film de conjuguer la fiction avec une rigoureuse leçon de choses. Ce qui permet de mettre en avant le balanin des glands, un coléoptère de la famille des charançons, dont l’impressionnant rostre – au regard de sa taille, car tout est relatif – crève littéralement l’écran.
Reste maintenant pour Le Chêne à se faufiler dans l’embouteillage des sorties de films provoqué par les conséquences de la crise sanitaire. Une certitude : même avec un masque, voilà un long-métrage qui permet de respirer.