La chute des températures met en péril les cultures fruitières en ce week-end des 2 et 3 avril 2022. Dans les vergers de Gâtine et les vignes du Thouarsais, on s’efforce de sauver la saison.
Le thermomètre descend en ce début du mois d’avril 2022 et l’inquiétude monte chez les arboriculteurs et viticulteurs des Deux-Sèvres qui redoutent de voir leurs productions détruites par le gel.
"Il est encore trop tôt pour connaître l’ampleur des dégâts. Les deux dernières nuits c’était limite, mais on redoute la nuit de dimanche à lundi, car on nous annonce jusqu’à -5° ou -6°C, explique le dimanche 3 avril 2022, Philippe Cantet, arboriculteur à Vernoux-en-Gâtine et Chiché : 80 hectares de pommiers et un de cerisiers. On a protégé tout ce qu’on peut, environ 60 % de notre surface, avec des asperseurs d’eau."
Arrosage nocturne plutôt que bougies
L’eau protège les végétaux en formant une couche de glace sur les fleurs et les bourgeons. La méthode a fait ses preuves : "Jusqu’à -6, -7 °C ça passe, si on a les débits d’eau suffisants." Le procédé consomme en effet 30 à 40 mètres cubes d’eau par hectare et par heure.
"On a arrosé 11 heures de suite cette nuit. Mais on récupère environ trois quarts de l’eau dans nos réserves." Cet arboriculteur ne fait désormais qu’un usage très limité des bougies, beaucoup plus coûteuses. "Uniquement pour les cerisiers, pour lesquels l’aspersion ne fonctionne pas."
Deux personnes en surveillance toute la nuit
Dans les exploitations, les nuits de gel mettent les nerfs à rude épreuve, même si l’informatique permet désormais de suivre, sur un seul écran, la température et le taux d’humidité de toutes les parcelles.
"Sur chacune des deux exploitations nous avons deux personnes en surveillance toute la nuit, pour s’assurer qu’une pompe ne tombe pas en panne. Si on arrête l’aspersion plus de 12 minutes, le phénomène inverse se produit et on reprend de l’énergie au végétal."
Les vignes thouarsaises en première ligne
La température est également tombée bien bas sur le Thouarsais et son terroir viticole. "Jusqu’à -2,28 °C à Cersay, -2,6 °C à Sainte-Verge, -3,15 °C à Bouillé-Saint-Paul et -3,77 °C à Soulbrois, détaille le vigneron Sébastien Prudhomme, installé à Thouars, sur la commune déléguée de Mauzé-Thouarsais. A quelques dixièmes de degré près, cela peut tout changer…"
L’impact du gel dépend de nombreux facteurs : le cépage, le sol, la parcelle ou encore la taille des vignes. "Un chardonnay est plus sensible, par exemple, car il démarre sa croissance très tôt. Et un sol sableux, moins lourd, se réchauffe plus vite", illustre-t-il.
Cinq gels tardifs lors des sept dernières années
L’examen de ses parcelles, dimanche 3 avril, s’est avéré plutôt rassurant. Ce qui ne l’empêche pas de rester sur ses gardes pour la nuit suivante, où des températures de -5 °C voire - 6 °C sont redoutées, mais également de réfléchir à la suite.
"On a connu cinq gels tardifs lors des sept dernières années. C’est une tendance lourde liée au changement climatique, tout comme l’avancée des vendanges à fin août, note Sébastien Prudhomme, qui envisage, comme certains de ses collègues, d’investir dans une éolienne pour lutter contre le gel. Mais cela coûte environ 50.000€ et il faut des voisins compréhensifs, car ça fait le bruit d’un hélicoptère…"