La planète est entraînée vers un réchauffement désastreux de plus de 3 °C. Selon les experts du Giec, pour éviter le pire, un virage rapide et radical doit être enclenché.
Le troisième volet de la trilogie scientifique des experts du climat à l’Onu (Giec) publié lundi 4 avril ne laisse pas de place au doute : sans une réduction « rapide, radicale et le plus souvent immédiate » des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs, il ne sera pas possible de limiter le réchauffement à +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, ni même à +2 °C.
Trois ans pour inverser la courbe
Les États, qui s’y sont pourtant engagés en signant l’accord de Paris, ne sont pour l’instant pas à la hauteur de l’enjeu, alors qu’un réchauffement de +1,1 °C rend d’ores et déjà « très vulnérable » la moitié de l’humanité, frappée par des canicules, sécheresses, tempêtes et inondations qui se multiplient.
« Certains gouvernements et responsables d’entreprises disent une chose et en font une autre. Pour le dire simplement, ils mentent », a d’ailleurs dénoncé le secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres.
Selon le rapport, le monde se dirige vers un réchauffement de +3,2 °C d’ici la fin du siècle. Et même si les engagements pris par les gouvernements pour la conférence climat de l’Onu COP26 l’an dernier étaient tenus, le mercure monterait de +2,8 °C, alors que chaque dixième de degré supplémentaire provoque son lot de nouvelles catastrophes climatiques.
Pour ne pas aller droit vers cet avenir de souffrance, il faudrait que les émissions atteignent leur pic avant 2025, dans seulement trois ans, et diminuent de près de la moitié d’ici 2030 par rapport à 2019, selon le Giec. « Nous sommes à un tournant. Nos décisions aujourd’hui peuvent assurer un avenir vivable », insiste le patron du Giec Hoesung Lee, assurant que ce nouveau rapport donne les outils pour le faire. Ainsi, pour respecter + 1,5 °C, l’usage sans capture de carbone (technologie non mature à grande échelle) du charbon devrait être totalement stoppé et ceux du pétrole et du gaz réduits, respectivement, de 60 % et 70 % d’ici 2050 par rapport aux niveaux de 2019. La « quasi-totalité de la production mondiale d’électricité devant provenir de sources zéro ou bas carbone », insiste le Giec.
Un scénario qui prend une lumière particulière avec la guerre en Ukraine qui a exposé la dépendance des économies aux énergies fossiles.
Au-delà de l’énergie, qui représente environ un tiers des émissions, tous les secteurs (transports, industrie, agriculture, bâtiment…) doivent également entamer leur mue rapide, de la réduction de la déforestation à la rénovation énergétique des logements, en passant par l’électrification des véhicules (à condition qu’ils soient alimentés par une électricité bas carbone).
Sans oublier le déploiement de méthodes de captage et de stockage du carbone qui seront « inévitables » pour parvenir à la neutralité carbone au début des années 2050 et limiter le réchauffement à +1,5 °C.