Après deux années sous une crise sanitaire plutôt bénéfique pour le secteur, les jardineries des Deux-Sèvres retrouvent un printemps plus calme.
L’époque de la crise sanitaire pourrait presque leur manquer… Alors que la majeure partie des commerces a souffert pendant les deux dernières années de pandémie, les jardineries ont su se maintenir à flot. Mieux, elles ont totalement explosé les scores. « 2021 ? C’était une année historique. Celle de tous les records », souligne Laurent Ancel, responsable du Villaverde de Niort. Une enseigne conséquente peut-être, mais l’affaire est la même du côté des plus petits vendeurs. Comme Hydrozone : « Pendant le Covid, je faisais parfois en une journée ce que je vendais auparavant en un mois. C’était mes deux meilleures années depuis douze ans », explique Jacques Chaubert, qui tient ce magasin niortais. Quand on demande à Laurent Ancel s’il regrette le monde d’avant, il répond ironiquement : « Non ! »
Les valeurs du bien chez-soi et de la nature
Il est bien connu que, pendant l’épidémie, de nombreux Français se sont mis au vert. Ce qui explique en grande partie la hausse des ventes. « À cette période, on revenait à la nature, celle-là même qui nous a créés. Il y avait une volonté de se mettre au jardinage et de décorer sa maison », commente le responsable de Villaverde. C’était le cas lors du premier confinement. Une habitude qui a fini par s’installer, au même titre que le télétravail : « Les gens voulaient se créer une bulle », poursuit Laurent Ancel.
La fin des restrictions fait renaître la concurrence, et enterre le fameux dicton « les habitudes ont la vie dure ». Le retour du printemps n’y change rien, le démarrage de cette nouvelle saison est poussif. « C’est mécanique, les clients se sont réappropriés les autres commerces : les cinémas, les restaurants, les bars… », raconte Ludovic Boucher, responsable des Jardineries Delbard de Melle et Thouars. Ajoutez à cela la crise liée à la guerre en Ukraine, ainsi que des températures peu clémentes pour le moment, et on obtient une arrivée dans le monde d’après plutôt brutale. Jacques Chaubert estime que son chiffre d’affaires actuel est 60 % inférieur à celui de la même période en 2021.
Une nouvelle génération de mains vertes
Malgré tout, les rayons ne manquent pas de clients. Même s’ils semblent plus hésitants. « Avant, on avait des achats davantage compulsifs. Aujourd’hui, c’est plus réfléchi. Ils viennent, puis repartent, puis reviennent, et achètent », sourit Laurent Ancel. La plupart des magasins retrouvent alors une clientèle senior. Mais le Covid a changé les mentalités. Certains jeunes se sont découvert un intérêt pour le jardinage, laissant entrevoir une nouvelle génération de clients. « Notre objectif est de faire mieux que les années pré-Covid. On va garder notre clientèle classique, et on devrait continuer à retrouver de nouveaux visiteurs. Sachant qu’on observe une continuité dans cette volonté de vouloir être bien chez soi », avance Ludovic Boucher. Selon le responsable, c’est un constat qui se vérifie dans la vente des produits. « Les personnes âgées boudent nos articles bio. La nouvelle génération est en revanche davantage sensible aux produits écolos », conclut-il. Les jardineries ont de quoi avoir bon espoir. Le monde d’après pourrait finalement être une belle opportunité.