Pour lutter contre la canicule, les jardiniers de la Société d’horticulture des Deux-Sèvres changent petit à petit leurs méthodes culturales. Rencontre avec plusieurs d’entre eux mercredi 20 juillet 2022 à Niort.
La plupart des jardins potagers donneront peu cette année. La dernière période caniculaire qui vient de s’achever, mercredi 20 juillet 2021, explique ce résultat, devant lequel il va falloir s’adapter. Les rapports du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) l’annoncent depuis longtemps : les périodes caniculaires vont aller crescendo. Interrogé sur ce qu’il est possible de faire, le président de la Société d’horticulture des Deux-Sèvres, Guy Giraudon, livre quelques pistes.
À l’ombre des arbustes ou des tournesols, le légume est protégé
« À part les tomates qui aiment bien la chaleur, les rayons du soleil, cette année, auront grillé la plupart des feuilles, assure-t-il. Pour obtenir quelques légumes, cela va être difficile". Pourtant dans les jardins familiaux que gère la Société d’horticulture basée à Niort, à part peut-être pour quelques légumes comme la pomme de terre, la production va être plutôt bonne cette année. Les jardiniers y pratiquent des méthodes culturales nouvelles. Ces dernières, alliées à leur savoir-faire, surprennent agréablement.
" Ce que l’on peut faire en premier lieu, c’est créer des paliers de feuillages, assure Guy Giraudon. En jouant sur le principe que les végétaux les plus hauts, fourniront l’ombre nécessaire aux plus petites. Au final vos choux, salades, betteraves, carottes et radis pousseront à l’ombre de vos plants de tomates, tournesol ou encore de maïs que certains utilisent déjà comme tuteurs pour leurs haricots à rames". Il s’agit d’étendre l’utilisation des paliers de feuillages et d’affiner les combinaisons possibles.
Le temps de la permaculture ou de l’agroforesterie appliquées au jardin
Le président de la Société d’horticulture estime que le temps est venu de l’agroforesterie appliquée à son jardin potager. Dans cette perspective, il conseille d’y planter, à l’automne, des arbustes et de ne pas hésiter à innover. La chayote par exemple est, depuis longtemps, méprisée par les jardiniers au prétexte que son tubercule possède un goût trop fade. Dans les jardins familiaux de Niort, le Réunionnais d’origine, Ferdinand Dalleau, a une approche différente. Il cuisine la chayote de multiples façons et se réjouit de l’ombre que ses longues tiges et ses magnifiques feuilles sous lesquelles poussent ses choux qui eux-mêmes, protégent la pousse d’un légume plus petit encore. Pailler jusqu’à 10 ou 15 cm d’épaisseur est essentiel
"Mais surtout il faut pailler, conseille Guy Giraudon.
De la paille ou du broyât de végétaux, sur 10 ou 15 cm d’épaisseur. La terre peut ainsi, même par temps de canicule, conserver son humus, sa vie et sa fraîcheur. Quant à l’arrosage ? Même durant les périodes autorisées s’il ne s’agit pas d’eau de récupération, il se fait le soir et ne doit surtout pas être effectué par aspersion sur la feuille. Encore moins le matin sur une parcelle orientée vers le soleil levant. Il faut préférer l’arrosage au sol ou mieux encore : le goutte à goutte". Non seulement on évite d’accentuer l’assèchement de la feuille ou la prolifération des maladies mais on économise l’eau.
À ce propos, le respect du cycle de l’eau avec l’évapotranspiration des feuilles des arbres qui vont chercher profondèment l’eau avec leurs racines, est le meilleur allié du jardinier. Gilles Texier le gestionnaire des jardins, un ancien horticulteur aujourd’hui retraité, l’a souvent vérifié. " Il peut pleuvoir sur un endroit où l’on a conservé des arbres, alors que juste à côté ce n’est pas le cas". Des pluies ou des rosées du matin que l’on sait également, ici Quai de Belle Île, plus importantes parce que situé entre deux bras de la Sèvre.
Avec les oyats une méthode très ancienne et économique pour arroser
Parmi les astuces pour conserver une terre humide tout en économisant l’eau, il existe les oyats. "C’est une méthode ancienne d’arrosage avec des pots en terre cuite enfouis dans le sol. Que l’on remplit à intervalle régulier, en fonction de leur taille. Cela revient à la mode. Dans la plupart de nos fêtes des plantes, nous avons des spécialistes qui nous en présentent désormais". On en trouve aussi dans certaines grandes enseignes. "Il existe aussi, en moins efficace, la bouteille plastique à l’envers ! Tout cela évite l’aspersion extérieure des feuilles et permet de conserver l’humidité de la terre, là où elle doit être maintenue".
Essayer les semences issues de variétés anciennes
Autre point : s’intéresser de plus en plus aux variétés anciennes, en particulier celles qui sont plus résistantes à la chaleur. Certains producteurs de graines en proposent. "Il faut essayer. Cela ne marche pas à 100 % mais certaines de ces graines donnent des salades plus résistantes par exemple. Je l’ai vérifié."
Fini également les rangs uniformes de légumes. Il faut s’intéresser aux interactions entre les plantes. Toutes ces questions (et leurs réponses) doivent être désormais largement discutées et ouvertes ! Dans la même veine : la permaculture reçoit une oreille des plus attentives à la Société d’horticulture des Deux-Sèvres.