Le manque d’eau affecte moins les vignes que d’autres plantes. Cependant, en Thouarsais, elles commencent à souffrir et réclament de quoi boire… Et vite !
Depuis 1959, et la mise en place des relevés de précipitations, la France connaît l’une des pires sécheresses de son histoire. Et si cet épisode, qui se caractérise surtout par sa durée, met en péril de nombreuses cultures, il pourrait bien ne pas épargner l’une des mamelles du Thouarsais : ses vignes.
Déjà éprouvées en certains endroits par un gel printanier et/ou par des épisodes de grêle, voilà que ces plantes, qui ne figurent pourtant pas parmi les plus gourmandes en eau, commencent à pâtir de la sécheresse. En effet, les grains de raisin ne parviennent pas, par exemple, à beaucoup grossir. "Le déficit hydrique combiné aux fortes chaleurs les placent dans un état de stress important, confie pour sa part Jean-Marc Trahan, du domaine des Trahan, à Cersay (Val-en-Vignes). Elles, qui étaient en avance, pourraient perdre cette dynamique, car freinées par la pénurie d’eau", poursuit-il. Alors qu’en cette saison, les viticulteurs sont normalement dans les champs, au chevet des vignes, à les traiter ou à les rogner, ils peuvent désormais les regarder doucement mais sûrement dépérir. Impuissants.
« Passé le 15 août, les vignes ne s’en remettront pas »
Touchées, mais pas encore coulées, les vignes peuvent réussir à se remettre de ce stress, qui n’est pas forcément définitif. Comme le confie Bruno Basset, du Clos des Motèles, à Sainte-Verge : "Pour l’instant, ça va encore. Mais il faudra de l’eau." Celle-ci ne peut venir de l’irrigation, puisque les viticulteurs n’en ont pas le droit : elle devra donc absolument tomber du ciel. "Je pense qu’il faudrait au moins 30 à 50 mm de pluie tombant sur plusieurs jours, dans les deux prochaines semaines, estime Jean-Marc Trahan. Passé le 15 août, je pense que les vignes ne s’en remettront pas."
Les projections météorologiques ne semblent, pour l’instant, pas favorables au souhait des producteurs de vin. "Il faut rester philosophe et garder espoir", souligne le viticulteur de Cersay. Pourtant, face au dérèglement climatique annoncé depuis des années et désormais pris de plein fouet, les vignerons ont bien tenté quelques adaptations.
Des adaptations au succès limité
C’est pourquoi Bruno Basset, avec son acolyte Vincent Baron, ont décidé de ne plus tondre l’herbe dans certaines parcelles avant l’été. "Les graminées poussent, captent l’eau, se reproduisent, puis dépérissent. La vigne est alors sans concurrence durant l’été pour pomper l’eau. Certes, la vigne montre un peu de fatigue au début, mais après, elle se rattrape. Cela a aussi l’avantage de favoriser la biodiversité, notamment les insectes", explique-t-il. Mais la technique n’est pas sans faille : "Des vivaces, plus durables, trouvent aussi refuge. Il faut voir à venir gratter de temps en temps."
Malheureusement, ces nouvelles pratiques qui, combinées à des techniques de paillage végétal, favorisent la conservation de l’eau, ne suffisent plus à compenser le manque de précipitations. Et les viticulteurs de subir de plus en plus souvent les affres du climat…