Installé depuis 40 ans au Grand-Moiré, à Airvault, Dominique Cuvier, alias Mino DC, continue d’enrichir son univers insolite, créé à base de récupération.
J’ai un mal fou à jeter quoi que ce soit. Même les épluchures, je dois les réutiliser… Et l’artiste, amoureux du travail artisanal, de montrer le joli canevas en pelures de concombres improvisé à l’issue du déjeuner ! À une époque où tout ou presque est devenu jetable, Dominique Cuvier, alias Mino DC (le diminutif de Dominique et ses initiales), ne manque pas de singularité.
Pionnier de la récupération, du recyclage et du réemploi, il a fait de sa propriété du Grand-Moiré, où il est installé depuis une quarantaine d’années, un territoire de liberté et de fantaisie tout aussi inclassable que lui.
"Pour moi, tout est prétexte à créer"
« Inclassable, c’est peut-être une qualité, mais ça ne remplit pas le frigo », glisse-t-il avec humour, alors qu’il trace sa route sur l’itinéraire bis de l’art contemporain. « Je ne suis pas du tout reconnu par les structures officielles, comme le château d’Oiron ou la chapelle Jeanne-d’Arc, alors que je pratique l’art de rue depuis les années 1980. On me prend pour un rigolo excentrique et marginal. Mais un artiste, c’est aussi le bouffon des rois », plaide le septuagénaire.
Le mois dernier, il a apporté une nouvelle pierre à son édifice artistique en accrochant, avec l’aide d’un ami cordiste, une fresque plastifiée de 7 m x 2,50 m à un majestueux cèdre planté par ses soins à son arrivée en 1982, au beau milieu de son jardin extraordinaire.
« C’est une partie de la fresque géante que j’avais créée pour recouvrir le palais des congrès de Parthenay lors de la toute première édition du Flip, en 1985 », témoigne l’artiste en ressortant les photos d’époque, ainsi qu’un exemplaire du magazine L’Étudiant, d’octobre 1987. Il y tient la vedette à l’occasion d’une exposition où il « emballe » la mairie de Poitiers d’une œuvre géante, bien avant que l’idée ne soit reprise pour l’Arc de Triomphe…
"J’aime jouer avec les éléments, l’environnement"
« Dans les années 1980, j’ai aussi été l’un des premiers à créer des œuvres avec des ordinateurs, des tableaux travaillés ensuite à la gouache. » Ce touche-à-tout a également été membre de Raticide, groupe local de rock « corrosif » qui a eu son heure de gloire au début des années 1990.
« J’aime jouer avec les éléments, avec l’environnement, conclut l’artiste poète. Pour moi, tout est prétexte à créer. En fait, les sources d’inspiration sont quasiment infinies. Et comme je vis dans un petit coin de paradis, j’aimerais le partager encore plus ! »
Contacts :
12, rue du Lavoir, Le Grand-Moiré de Soulièvres, à Airvault.
Visites sur rendez-vous, tél. 06.58.71.45.42.
Portes ouvertes les 10-11 et 17-18 septembre (Journées du patrimoine).
Avec Mino DC, rien ne se perd, tout se transforme.