Le bassin du Thouet ne va pas très bien. Son état écologique varie de « moyen » pour le mieux à « mauvais » avec une nuance de « médiocre » entre les deux. C’est ce qui ressort de l’état des lieux qui vient d’être dressé lors de la préparation d’un Sage. Ce Schéma d’aménagement et gestion des eaux qui vise à améliorer les choses va bientôt faire l’objet d’une enquête publique.
Par « bassin du Thouet », il faut entendre le Thouet en lui-même, qui prend sa source dans les Deux-Sèvres et se jette dans la Loire, près de Saumur mais aussi tous les cours d’eau qui le rejoignent en chemin. Soit au total, une étendue de plus de 3.300 km2, majoritairement dans les Deux-Sèvres.
Déséquilibre chronique
Le problème se pose déjà en quantité d’eau. « Le bassin est classé en ZRE, Zone de répartition des eaux » rappelle Olivier Cubaud, le président du Syndicat mixte de la Vallée du Thouet qui copilote le Sage avec le Saumurois. « Cela signifie qu’on est en déséquilibre, on consomme plus d’eau que le territoire ne peut en offrir ». Cela ne suffit même pas à faire face aux besoins puisque « nous importons de l’eau potable » (Mervent en Vendée et Loire).
Ce déséquilibre chronique ne date pas d’hier puisque le classement du bassin du Thouet en ZRE remonte à 2012. « La préfecture avait alors fixé des volumes prélevables sur le bassin mais c’était un peu au doigt mouillé », observe Olivier Cubaud. Ces volumes annuels étaient de 14,3 millions de m3 pour l’eau potable, 12,18 millions de m3 pour l’agriculture (avec des variables par bassin et par saison) et 380.000 m3 pour l’industrie.
Or, depuis dix ans, non seulement la situation ne s’est pas améliorée mais « elle s’aggrave, le réchauffement climatique est à l’œuvre, on a des étés de plus en plus secs ».
Alors comment y remédier et revenir à un équilibre entre ce que la rivière peut offrir et les prélèvements de l’homme pour ses différents usages ? « Il y a une action que nous avons jugée prioritaire, c’est de revoir ces volumes prélevables qui sont vieux pour en déterminer de nouveaux qui seront plus fins », annonce Olivier Cubaud, qui préside aussi la commission locale de l’eau, organe décisionnaire du Sage. « Une étude Hydrologie, milieux, usages et climats (HMUC) vient d’être lancée, financée à 100 % par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. Elle va durer 26 mois. À l’issue, on aura de nouveaux volumes prélevables par usage et par sous-bassin pour que ça ne nuise pas au milieu, pour être en équilibre. » Le schéma (Sage) sera ensuite réactualisé en fonction.
Les milieux aquatiques avant l’économie
« Les enjeux prioritaires sont, dans l’ordre, l’eau potable ; vient ensuite la vie des milieux aquatiques avant les enjeux économiques, agriculture et industrie. » Nul doute que les résultats seront très attendus par les derniers de la liste. En sachant que les volumes annuels prélevables qui sont alloués à l’irrigation sont théoriques et peuvent être diminués ou suspendus en cas de sécheresse par des arrêtés préfectoraux ponctuels. Ce qui peut inciter les irrigants à vouloir obtenir des réserves, les fameuses bassines qui font débat dans le bassin de la Sèvre depuis des années.
« Sur le bassin du Thouet, il n’y aura pas de grandes bâches gigantesques. Déjà, nous n’avons pas les volumes pour les remplir » annonce Olivier Cubaud. « Il peut y avoir des besoins, notamment pour des cultures pour nourrir les animaux. Mais nous avons mis beaucoup de si, beaucoup de conditionnalités, pas pour n’importe quel usage par exemple ; ça cadre bien les choses, c’est bien borné donc normalement, on ne devrait pas voir de telles constructions ».