En plus du confinement dû au coronavirus qui est à l’origine de nombreuses annulations de salons des vins, dont celui de Thouars, les viticulteurs craignent également le gel.
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Ce vendredi devait, théoriquement, s’ouvrir une nouvelle édition du Salon des vins de Thouars. Un rendez-vous apprécié des visiteurs, mais aussi des vignerons du coin qui profitent de l’occasion pour se faire connaître auprès des locaux. Alors évidemment, quand le rendez-vous du vin tombe à l’eau, c’est tout un pan de l’économie thouarsaise qui a peur de se noyer. « Beaucoup de choses étaient programmées, et tout ce qui a été prévu jusqu’en juin a été annulé. Il y a d’autres animations prévues fin août, début septembre. On espère que ça va être maintenu sinon ça va devenir problématique », confie François Martin, viticulteur au domaine éponyme, à Vraire, et jeune président du Syndicat intercommunal des coteaux du Thouet et de l’Argenton (Sicta).
Même si les conséquences varieront d’un professionnel à l’autre, selon le modèle économique. « La vente au détail est au point mort, la restauration aussi, mais à titre personnel, nous négocions un peu avec les grandes surfaces, qui nous passent des commandes. Cependant, ce n’est pas le cas de tout le monde. » Les frères Lemoine, par exemple (lire ci-dessous). Le confinement, s’il n’empêche pas ces professionnels de poursuivre leur travail (« la végétation n’attend pas »), modifie malgré tout le quotidien. « Il faut prendre quelques mesures pour respecter les mesures de sécurité auprès des personnels. Dans les parcelles, c’est facile de les faire respecter, mais pour s’y rendre, chacun est invité à prendre son véhicule personnel. On évite le covoiturage donc. En ce qui concerne la mise en bouteille, cette tâche n’est gérée que par ma femme ou moi-même. » Mais derrière ce manque à gagner, une autre perspective vient ombrager une période déjà bien sombre. « Avec l’hiver doux que nous avons eu, les cépages précoces ont démarré très en avance, plus encore que l’an dernier, avec des premiers bourgeons. Ce qui nous expose aux gelées », souligne l’agriculteur. Cette semaine, les températures matinales annoncées mercredi et jeudi laissaient entrevoir une crainte. « Finalement, ça s’est mieux passé que prévu. Quelques bourgeons au ras du sol ont été touchés, mais les vignes en production n’ont pas été gelées. » Néanmoins, le problème n’est pas encore levé. « Rien que la semaine prochaine, ils prévoient des températures négatives mardi et mercredi. Et cela peut se produire tout le mois d’avril, donc on regarde ça avec attention car on a peur de perdre une partie de notre récolte. » Après une année 2019 déjà impactée, 2020 ne se lance pas idéalement. Les vignerons pourront-ils rattraper le temps perdu ?