Les choses les plus folles tournent sur les réseaux sociaux, à propos des masques devant nous protéger du Covid-19. Des lots périmés. Ou encore le week-end dernier ( de ce 1er mai 2020) des écouvillons détectés infectés par un champignon dénoncés sur Radio Canada, parce que mal conditionnés. Dans ces conditions, rien de surprenant à ce qu’aucun (ou presque) des responsables de la grande distribution alimentaire dans le département n’ait souhaité nous répondre sur cette information majeure de santé publique : la mise en place des masques, leur conditionnement ou encore leur provenance.
Seule l’enseigne Carrefour nous a confirmé par mail ( lundi 4 mai 2020) avoir mis en vente, « à prix coûtant, 10 millions de masques jetables chirurgicaux » sur l’ensemble du territoire national. Elle précise avoir organisé une distribution « responsable » et promet, à partir du 11 mai, plus de 50 millions de masques en tissu, lavables et réutilisables, vendus en magasin, « avec des premiers prix à moins de 1 € ».
Même les pharmaciens sont gênés dans cette affaire. Ils ne voudraient pas qu’on les soupçonne de vouloir tirer la couverture à eux. Ceux-ci mettront en vente sous peu « des masques normalisés », précise le docteur Bernard Pénicaud, pharmacien à Niort, appartenant au Conseil de l’ordre de Nouvelle-Aquitaine.
Les plus fragiles qui n’en ont pas
« Ce seront des masques grand public, réutilisables et lavables correspondant aux normes en vigueur. Capables de filtrer 90 % des particules référentielles. » Le pharmacien rappelle qu’il s’agit de santé publique, que le sujet demande « transparence et responsabilité ». « Qu’un masque FFP2 ou chirurgical ne peut se conserver que quatre heures, qu’il doit être fourni aux personnels de santé, aux plus fragiles et aux plus précaires. Ce qui n’est toujours pas le cas. » Quant aux masques en tissu fabriqués par le plus grand nombre, leur efficacité n’a pas été testée.
Hier au téléphone lundi 4 mai 2020), le supermarché de ma commune a reçu des masques pour se protéger du Covid-19. « Nous avons été livrés ce matin, mais en petites quantités. Je ne sais pas combien de temps cela va durer », sous-entendu si le stock sera suffisant pour la journée, me répond la standardiste. Il est déjà 11 h 30, je me rends dans l’enseigne située en périphérie du bourg.
À l’entrée du magasin, rien n’indique où le consommateur doit se diriger pour obtenir le produit devenu de première nécessité. J’interroge au comptoir celle qui est habituellement attachée au service après-vente. « C’est ici monsieur », me répond celle qui, probablement, m’a parlé quelques minutes plus tôt au téléphone. « 5,80 € les dix », m’annonce-t-elle. Sont-ce des masques chirurgicaux ? L’employée hésite puis regarde ce qui est indiqué sur l’étiquette du produit (à première vue) sous emballage blister. « Ce sont des FFP2 », me lance-t-elle fièrement. Puis-je en avoir d’autres ? « Ah non ! Nous les donnons par lot de dix uniquement. Mais ne vous inquiétez pas, nous serons approvisionnés régulièrement dans les jours à venir. » L’affaire semble intéressante (0,58 € l’unité) pour des masques présentés jusqu’à présent par les professionnels de la santé comme les meilleurs : protégeant à la fois celui qui les porte comme ceux qu’il approche.
Quelles conditions sanitaires ?
À y regarder de plus près, le conditionnement par paquet de dix a été effectué par l’enseigne elle-même. Dans quelles conditions sanitaires ? Quelle est l’origine de ces masques ? Le genre de question difficile à poser à la vendeuse. Je paye, heureux d’avoir mes dix masques, a priori FFP2 et à un prix raisonnable. Le patron de l’enseigne a été averti par e-mail. Peut-être nous en dira-t-il plus ?
Sur le parking, j’interroge trois clientes en train de charger leur coffre de voiture. Aucune d’entre elles n’a acheté un quelconque masque. L’une ne savait pas que l’enseigne en proposait à la vente. Les deux autres sont déjà équipées en masque tissu. « Fabriqué par une amie », me répond l’une d’elle « De toute façon, je n’en achèterai pas. Nous payons des impôts. J’estime qu’ils devraient être gratuits. Il se dit tellement de choses sur tout cela ! » Je regarde enfin mes masques : aucune indication sur leur utilisation. S’agit-il de vrais FFPP2 ? Le patron de l’enseigne n’a toujours pas cherché à me joindre.