La crise actuelle, d’abord sanitaire, devient chaque jour un peu plus économique. Relancer la machine est un rude défi. À l’image des soignants face au Covid-19, les 25.000 salariés de Pôle emploi, répartis au sein d’un millier d’agences à travers la France, sont en première ligne pour le relever. À Thouars, où 24 agents sont basés, les portes ont rouvert hier au public. Le bâtiment moderne de la rue Gambetta, inauguré en 2018, s’avère d’ailleurs précieux pour appliquer les normes sanitaires drastiques (lire encadré).
« On s’attend à une vague, mais quand ? »
Un protocole contraignant sur la forme qui n’empêche pas le travail de fond de s’accomplir. Avec engagement et humilité. « Pour le moment, on a encore trop peu de recul, notamment au niveau des statistiques, pour mesurer précisément les conséquences de la crise, indique Matthieu Fichet, directeur de l’agence thouarsaise. On est un peu dans le flou, tant sur le plan national que local ». Pas évident de naviguer à vue. Surtout en pleine tempête. « On s’attend à une vague, mais quand ? Et de quelle ampleur ? C’est difficile à dire aujourd’hui… »
En attendant, Pôle emploi prend donc les devants. Car des dégâts, il y en aura et il y en a déjà. « Début mars, nous avions 180 offres d’emploi en stock. On en a seulement 110 actuellement… » Habituellement, le printemps est pourtant propice aux embauches en Thouarsais, « notamment grâce aux emplois saisonniers, très importants ici ». Mais avec l’arrêt de la production du Rouge-Gorge, « il y a beaucoup moins de melons cette année ». Et à cause de la crise sanitaire, le tourisme, autre secteur très porteur (Parc de la Vallée, Puy-du-Fou, Futuroscope, Center Parcs…), est lui aussi en berne. Autre enjeu majeur : le travail intérimaire. « C’est l’une des caractéristiques du bassin d’emploi thouarsais, note Matthieu Fichet. Sur les 40.000 contrats traités par notre agence ces douze derniers mois, 75 % étaient en intérim. Avec la crise, la plupart des entreprises ont mis fin à ces contrats. Il faut donc voir comment ces entreprises vont repartir. Beaucoup sont encore dans le flou. Les commandes passées avant la crise seront-elles honorées ? Les projets sont-ils remis en cause ? ». L’ampleur de la tâche de Pôle emploi et ses agents, ces prochaines semaines, dépendra en grande partie des réponses que les employeurs apporteront à ces questions.