Tout le monde a croisé, au moins un soir, la belle écaille chinée, cet élégant papillon qui, dès qu’il déploie ses ailes antérieures zébrées noir et ivoire, révèle ses ailes postérieures oranges aux taches sombres… Elle est l’une des quelque 1.500 espèces de papillons de nuit présents en Deux-Sèvres. À ce titre, elle figure dans un catalogue de 2013 estampillé par l’Opiee, l’Office pour les insectes et leur environnement.
« Les nuits d’été, on peut observer jusqu’à 500 espèces différentes » Si cette liste a le mérite d’exister, elle a toutefois besoin d’être précisée et complétée, mission dont s’est emparée Deux-Sèvres Nature Environnement en lançant l’an dernier un programme dédié qui s’étalera jusqu’en 2021. Le même est conduit parallèlement dans la Vienne par Vienne Nature. Dans notre département, il est chapeauté par Paulin Mercier, de DSNE : « Pour observer les papillons de nuit, c’est relativement simple : on les attire en éclairant un grand drap blanc au moyen d’une lampe à UV », explique-t-il. Il suffit alors d’identifier et compter les insectes qui rappliquent. Chaque site fait l’objet de cinq nuits d’observation qui peuvent durer jusqu’au lever du jour : une par mois de mai à septembre, période la plus faste. « Les nuits d’été, on peut potentiellement observer jusqu’à 500 espèces. » L’an passé, naturalistes et bénévoles préalablement formés ont focalisé leurs observations sur le milieu bocager après avoir choisi cinq fermes, presque toutes bio, en Gâtine et dans le Bressuirais, autant chez nos voisins du Montmorillonnais. Les Deux-Sévriens vont cette année reconduire ces observations en milieu bocager à Soudan, Coutières, Vernoux-en-Gâtine, Moncoutant et Beaussais, quand la Vienne bifurquera vers les papillons de nuit des milieux humides et forestiers. L’an prochain, les Deux-Sèvres s’intéresseront enfin aux papillons de nuit des pelouses sèches et la Vienne se rapprochera de ceux des landes.
Et même dans le caca des chauves-souris
En complément de ces observations de terrain, les naturalistes vont aussi lancer un inventaire participatif des zygènes, ces petits papillons aux ailes tachetées de rouge (une fiche d’identification sera bientôt mise en ligne) : l’idée est de permettre au grand public de les reconnaître et les signaler. Ils ont aussi prévu de s’intéresser aux collections épinglées dans les musées et chez des particuliers. Pour enrichir leurs connaissances des chaînes alimentaires, ils étaient même allés jusqu’à explorer le caca de chauves-souris… pour savoir, grâce à des analyses ADN, quelles variétés elles boulottent !
